who is in control ? ▬ #kallinis

Le silence remplissait le salon. Peut-être que c'était tout ce dont j'avais besoin après tout. Je posai la tablette transparente sur la table basse, et j'avachis sur le canapé, l'air abattu. Comme si le poids du monde se reposait désormais sur mes épaules. Un long soupir s'échappa de mes lèvres, et je me redressai, m'accoudant à mes genoux et prenant mon visage en coupe. Dépité. J'étais abattu. Je ne m'attendais pas à ce que cette conversation téléphonique avec mes parents se passe aussi mal. Tout ce que je voulais, c'était de bonnes nouvelles. Pas sur le plan géopolitique, je savais qu'Astapor se portait très bien et que les alliances étaient au beau fixe. Je savais aussi ma famille en bonne santé, et ça me rassurait beaucoup. Non, je voulais de bonnes nouvelles concernant ce mariage qui m'attendait, avec Kallista. Ca faisait plus de dix ans maintenant qu'on était destinés l'un à l'autre. Même si au départ j'avais fait la grimace, j'avais appris à aimer ce brin de femme qui vivait sous le même toit que moi aujourd'hui. Avant, je voulais l'annuler, ce mariage. Mais aujourd'hui, je voulais que la cérémonie soit programmée. Mais mes parents n'étaient pas du même avis.

Qu'allais-je dire à Kallista, hein ? Je lui avais promis qu'aujourd'hui, je ferais pression auprès de ma famille pour précipiter notre union. Elle, plus que moi encore, voulait se marier. Elle n'arrêtait pas de me parler d'enfant et je savais que la flamme dans ses yeux ne s'allumerait jamais tant que nous étions seulement fiancés. Les enfants, c'était toute sa vie. Ce mariage, c'était son bonheur. La savoir triste, malheureuse, frustrée, ça ne me faisait pas plaisir. Alors, que pourrais-je bien lui dire ? La vérité, tout simplement. Que ce n'était pas pour maintenant. Mes parents se préoccupaient beaucoup plus de mon frère aîné. Iron approchait bientôt de son âge d'intronisation, et mon père se faisait de plus en plus vieux et fatigué. Je n'étais pas prêt de bouger, ni de changer. J'étais sur Asura pour un bon bout de temps, mon cas... était moins important. Triste constatation de mon rôle de dauphin de la couronne. Etre le cadet de la famille n'avait jamais été une chose aisée. Je resserrai mes mains sur mes joues, mes yeux se dardant de quelques larmes. Mais qu'allais-je bien pouvoir lui dire, hein ? Que son futur époux se retrouvait de nouveau impuissant face à l'ordre royal ? Il y avait des jours où je me demandais pourquoi Kallista n'était tout simplement pas promise à Iron. Là, elle toucherait enfin au bonheur, non pas d'être une princesse, mais d'être une reine. A mes côtés, elle touchait juste le fond. Le fond obscur qu'était l'oubli et l'ignorance.

Kallista était heureuse que sa journée soit enfin terminée. Elle l’avait trouvée épuisante, beaucoup trop. Bien qu’elle adore faire cela en temps normal, elle en avait assez de retranscrire des paroles en d’autres langues afin que le dialogue puisse être. Sa tête semblait prendre volume et devenir énorme avec la tonne d’informations qu’elle avait dû assimiler. Sa journée de travail était terminée mais elle semblait encore entendre l’écho de la voix de tous ces hommes importants dans sa tête. Leurs phrases la hantaient encore, leurs mots résonnaient sans cesse comme si l’on passait un disque rayé. Serait-elle capable de subir ceci toute sa vie ? La jeune femme adore son métier, par-dessus tout, mais il arrive bien trop souvent que toutes ces phrases la hantent. Parfois, elle s’emmêle elle même dans ses mots et dans ses langues. Un métier, une obsession ou une passion ?
Arrivée devant la porte de son appartement, elle se sentait comme quelque peu apaisée. En espérant qu’en la  passant doucement, tout ceci s’arrête définitivement.

« Bonsoir chéri ! » Lançait-elle d’une voix suffisamment forte pour qu’il puisse l’entendre et un joli sourire inscrit sur ses lèvres. Dans l’entrée, elle ôtait son manteau qu’elle accrochait et posait son sac, soudainement pleine d’énergie. Tellement, qu’elle en oubliait de retirer ses chaussures et se rendait immédiatement dans le salon. Ce détail lui importait peu. Adonis avait sûrement beaucoup de chose à lui raconter ! Totalement impatiente à l’idée de se marier avec l’homme qu’elle aime, il lui avait promis d’appeler ses parents et de discuter de tout ceci. Elle ne pouvait attendre davantage, elle voulait connaitre le fin mot de toute cette histoire.  Maintenant face à lui, elle s’abaissait légèrement et posait vivement ses lèvres sur les siennes. Même l’embrasser semblait une perte de temps tellement qu’elle se sentait hâtive. « Alors ? Qu’est ce qu’ils ont dit ? » Demandait-elle quasi immédiatement, en s’asseyant finalement sur un fauteuil pour ôter ses talons. Elle se sentait réjouie, bien et tellement dans une optique positive qu’il lui fallut bien du temps pour remarquer les traits de son futur mari. Il ne semblait pas aussi heureux qu’elle, tout l’inverse même. Cela n’était pas un bon signe et Kallista le savait. Presque tout de suite, elle perdait ce rictus parfait collé à ses lèvres depuis qu’elle avait ouvert la porte. « Ne me dis pas que ? » Elle ne terminait même pas sa phrase. Elle avait compris. « Non … » Miaulait-elle entre ses lèvres, totalement guidée par la déception.

Elle était là. Elle était rentrée, après sûrement une grosse journée de travail. La tête comme une pastèque et les pieds enflés par ses talons aiguilles qu'elle avait pris l'habitude de porter, pour soit-disant diminuer l'écart de taille entre nous deux et moins la complexer. Kallista était de retour pour illuminer ma vie, et moi j'allais assombrir la sienne. Même après une journée de travail éreintante, elle trouvait le moyen de rayonner de bonheur. Je levai timidement mon regard vers elle, esquissant un mince sourire à son attention alors que je lui dérobais un baiser à mon tour. Son parfum emplissait tout le salon, un parfum que j'adorais. Oh, ma fiancée m'avait tellement manqué et je m'en voulais de devoir lui donner de mauvaises nouvelles. Je lui avais promis de forcer un peu le destin et de confronter mes parents, mais j'avais raccroché avec la queue entre les jambes et c'était une défaite difficile à avaler. Que pouvais-je bien donc faire contre l'autorité royale, hein ? Mes parents contrôlaient tout, et donc ce mariage n'aurait pas encore lieu.

Ce qui était pratique avec Kallista, c'était que je n'avais pas besoin d'ouvrir la bouche pour qu'elle comprenne le fond de ma pensée. Mon regard me trahissait toujours, et ce fut d'ailleurs en posant ses yeux sur les miens, avec ma mine déconfite, qu'elle fit immédiatement le rapprochement. Déception. Colère. Je l'avais blessée. Je fixai ses talons aiguilles qui trônaient misérablement au pied du fauteuil duquel ma fiancée me faisait face. Son dos était courbé, penché vers l'avant, et la flamme de bonheur s'était éteinte dans ses yeux pourtant flamboyants d'habitude. Je haussai les sourcils et quittai le canapé presque immédiatement, venant la border en m'agenouillant à ses côtés, posant mes mains sur ses genoux arqués. « Oh chérie... ne t'inquiète pas, ce n'est qu'une question de temps. » Je penchai un peu ma tête sur le côté pour capter son regard, et je lui esquissai un sourire maladroit, passant ma main sur sa joue que je caressai par la suite. Je n'aimais pas la voir malheureuse. Ce mariage, elle le voulait plus que quiconque. Je n'étais pas encore capable de lui apporter ce bonheur, je m'en voulais beaucoup. « Hey, je t'aime. Tu le sais ça ? Bien sûr que tu le sais. » Je finis par me redresser sur mes deux jambes et je lui pris les mains pour l'inviter à se lever et ainsi quitter le fauteuil, ceci avant de l'enlacer doucement, tendrement, amoureusement. Et par cette étreinte, je me promis de choyer Kallista encore plus qu'avant. Sa peine deviendrait la mienne. Et ses rêves deviendraient les miens.

Kallista attendait ce mariage avec une impatience non mesurable. Ce n’est pas le titre de princesse qui l’attendait qu’elle désirait, ni même ce statut de femme mariée qu’elle acquerrait mais plutôt l’idée d’être liée à tout jamais à l’homme qu’elle aime. Pourtant au début, elle ne voulait nullement de ce mariage. Qui désirerai être rattachée à un homme qu’elle ne connait pas après tout ? Prince ou pas ? Personne, mais de toute façon, ce n’est pas comme si elle en avait eu le choix. D’entrée cela lui avait été imposé, d’accord ou non. De toute façon, elle n’aurait pu refuser cela à son paternel, c’était quelque chose de très important pour sa famille, elle ne pouvait pas leur faire cela. Elle eut raison d’accepter puisque au cours du temps, à force de rencontrer Adonis, de le côtoyer, elle en est tombée amoureuse, doucement et follement. Aujourd’hui ils rient bien de ces moments où aucun d’entre eux ne voulait de cette union. C’est la meilleure obligation de toute leur vie.

Néanmoins les préparatifs tardaient. Aucune date n’avait encore été fixée et la famille royale ne semblait pas des plus pressées. Pour cause : l’héritier n’a aucune compagne et se doit devenir roi. De bonnes raisons en soit. Elle connaissait bien l’urgence de tout ceci, mais la demoiselle ne pouvait s’empêcher de se sentir tellement pressée. Elle s’écouterai, elle serait déjà en robe de mariée dans ce même salon et dès la dernière phrase signifiant l’officialisation de leur union, elle emmènerai Adonis consommer leur mariage et débuter la conception de leur premier enfant. Oui, c’est ce qu’elle désire plus que tout au monde, mais c’est impossible.

Alors la déception était clairement lisible sur son visage. Elle se sentait déçue, déçue et terriblement triste. Adonis n’avait même pas eu besoin de parler qu’elle l’avait compris. Ce ne sera pas pour tout de suite. Elle baissait la tête trifouillant nerveusement sa bague de fiançailles tandis qu’il se levait pour s’accroupir face à elle. « Oui mais combien de temps devront nous encore attendre Adonis ? » Elle était parfaitement consciente qu’il n’était pas responsable et que dans toute cette histoire, il ne contrôlait pas grand-chose, mais elle ne pouvait cacher sa peine. La main de son fiancé sur sa joue chaude la forçait à lever le regard. Elle aurait voulu répondre à son sourire maladroit mais elle ne sut si le léger rictus qu’elle aurait voulu lui répondre s’affichait sur son visage figé par la déception. Elle bougeait la tête positivement alors qu’il lui disait qu’il l’aimait. Bien sûr qu’elle le savait, comme elle savait que lui aussi était impatient. Puis elle se levait à le serrait à son tour dans ses bras fins perdant bien une dizaine de centimètre par ses talons absents. « Je t’aime aussi. » Lui adressait-elle en posant doucement sa tête sur son torse.

C'était frustrant de ne pas être le grand frère. C'était frustrant d'être le dernier prince d'Astapor. Parce que j'avais envie de tellement de choses. Des choses qu'il m'était impossible de réaliser sans l'autorisation de mes parents. J'étais grand, fiancé, prêt à faire ma vie seul, une vie que j'avais entamé à Asura volontairement et pourtant, je me sentais encore sous le joug de ma famille. Le poids de la couronne sur ma tête me pesait, mes origines ne pouvaient pas fuir, et je ne pouvais pas les ignorer. En tant que prince, je ne pouvais pas prendre la liberté de tout. Je n'étais pas promis à la couronne, mais je devais suivre les priorités royales et moi, je n'en étais pas une.

Pour le coup, je me sentais terriblement nul. Nul et impuissant face à la tristesse palpable de Kallista. Je ne souhaitais pas me ridiculiser devant elle, et encore moins la décevoir. J'étais condamné depuis mon adolescence à vivre le reste de ma vie avec elle, et nous étions dans cet âge d'or où nous nous aimions comme dans un conte de fée. Je refusais que ce conte se transforme en véritable cauchemar où nos alliances feraient office de cordes autour de nos annulaires. Comme le cou qu'on étranglait, petit à petit, jusqu'à l'étouffement. Je ne voulais pas que Kallista ait une image négative de moi, et que je devienne le fiancé empoté incapable de se confronter à ses parents. Je me sentais prisonnier de tous ces apprioris alors que j'avais appris à connaître Kallista, et j'étais persuadé qu'elle ne réagirait pas comme ça. Evidemment, elle était déçue, encore plus que moi, parce qu'elle attendait énormément de ce mariage. Combien de fois m'avait-elle déjà dit qu'elle voulait des enfants ? Ce n'était pas pareil que sur Asura. Les bassins artificiels, ce n'était pas de notre ressort, on était encore très classique. Nous, les Astaporiens, nous faisions souvent traîtés d'arriérés, ou de personnes coincées dans le passé. Les naissances artificielles, ça nous dépassait parfois, mais je ne jugeais pas ce point de vue, car ce système de reproduction était nécessaire pour la population asuraine. Et ça, ce n'était en rien comparable avec Astapor. La maladie ne nous avait pas frappés, et notre espèce n'avait pas été mise en danger.

« Je ne sais pas, chérie. » Ce fut la seule chose que je fus capable de lui dire, après avoir chassé mes pensées de ma tête. Combien de temps fallait-il attendre, hein ? C'était une excellente question, et malheureusement je n'avais pas de réponse. Je poussai un soupir et remontai mes mains sur ses bras, les enserrant très doucement. Kallista, c'était un petit brin de femme que je m'efforçais à vouloir protéger de tout. Même de moi. Et là, elle était blessée. Son visage, je refusais de le voir pleurer. Je pris une grande inspiration et je lui souris davantage, pour évacuer toute cette mauvaise atmosphère. « Ma mère m'a dit qu'elle t'avait envoyée des robes par convoi interplanétaire ! Tu les as reçues ? »

Que pouvait-elle faire d’autre plutôt que de sentir ce sentiment de tristesse ? Bien qu’elle soit liée à Adonis, elle n’est pas cette voix que la famille royale écoute. Enfin du moins, pour ces sujets-ci. Par ce mariage elle acquérait peut-être d’un titre de princesse mais elle ne restera que la femme d’Adonis et non un membre de la famille à part entière pour ne pas dire tout court. Elle n’a rien à redire et pour tout avouer, elle ne serait même pas tentée de se faire entendre. Elle ne voulait pas voir son mariage annulé, leurs fiançailles brisées pour ne pas avoir su se taire et exprimer son impatience. Non. La seule solution, aussi triste et misérable qu’elle puisse lui paraitre est l’attente, encore et toujours. Evidemment qu’Adonis ne pouvait répondre à sa question. Il n’y était pour rien, il avait tout autant envie de ce mariage lui aussi et pour le coup, sa tête couronnée n’est pas plus écoutée. « Il faut se dire que cela finira bien par arriver … » Bien sûr qu’un jour ils seront mariés et liés à jamais. Kallista tentait de se rassurait avec cette idée, mais cela ne fonctionnait pas aussi bien que prévu. Cela lui passera. Elle sera sûrement déçue pendant longtemps mais elle y pensera et sera sûrement moins peinée par tout ceci demain. Elle resserra ses mains autour de son fiancé. Bien sûr que cela passera.

La jeune femme bougeait la tête négativement à sa question. « Non. » Cela lui mettait du baume au cœur, Kallista adorait les robes ! Elle aime être coquette, jolie pour son fiancé et agréable pour tout autre regard se posant sur elle. C’est une sorte de passe-temps, un plaisir peut-être incompréhensible pour certain mais tellement important pour elle. Elle levait doucement sa tête et lui affichait de grands yeux de cockers encore un peu attristés par toute cette histoire. « Elle t’a décrit ces robes ? » Le questionnait-elle en trifouillant encore une fois nerveusement son haut. Elle finit par lui adresser un faible sourire et se dressait pour atteindre ses lèvres. « Tu m’as manqué, tu n'as pas quitté mes pensées de la journée. » Lui adresse t-elle doucement avant de gratifier ses lèvres d’un baiser. Finalement, elle quitte ses bras un instant pour attraper ses talons qu’elle allait ranger rapidement. Elle revint par ailleurs bien vite dans le salon où elle sautait à nouveau sur son fiancé. « Et toi alors, tu as pensé à moi ? »

Ce qui était bien avec Kallista, c'était qu'il était facile de passer du coq à l'âne. J'avais partagé ma peine immense concernant le bilan de cet appel infructueux, elle avait compris le message, et il suffisait d'un rien pour la remettre d'aplomb. A sa manière, elle me permettait d'être plus fort et d'affronter le pire dans la vie. Kallista était une véritable force de la nature par son caractère si simple et si spontané. Son attitude me plaisait et je me surprenais jour après jour à lui vouer un amour sans limite, toujours plus grandissant. Alors, tout en l'observant faire ses allers-retours dans le salon, je l'observais. Je savais que j'allais lui redonner le sourire avec le colis de robes que ma mère avait envoyé d'Astapor. Je ne comptais même plus le nombre de vêtements que ma fiancée disposait, mais il allait bientôt falloir aménager un deuxième dressing. Avec toutes ses affaires, il m'était difficile de ranger les miennes tellement je n'ai pas de place pour moi. Mais Kallista était une femme coquette, qui aimait prendre soin de son image. Peut-être qu'elle ne voulait pas faire chuter notre réputation. Elle était la future princesse d'Astapor, elle avait un grand rôle médiatique à assurer. Si elle n'était pas à la pointe de la mode, je ne savais pas à quoi on pourrait s'attendre.

« Hum, non. Pas plus que ça. » finis-je par lui répondre tout en haussant les épaules, alors qu'elle revint à ma hauteur pour s'accaparer toute mon attention. Je lui offris un sourire et je la saisis par les hanches. Elle était vraiment adorable quand elle s'y mettait. Si je lui avais manqué ? A chaque seconde qui s'écoulait en son absence, je ressentais le besoin irrépressible de l'avoir à mes côtés. Alors je me penchai vers elle, car j'étais nettement plus grand qu'elle, et je l'embrassai avec tout l'amour que je pouvais lui offrir, entrelaçant nos doigts dans la plus grande des discrétion. « Je pense tout le temps à toi... » Je la gratifiai d'un nouveau sourire et je m'écartai, la détaillant de la tête aux pieds. Quel beau bout de femme. J'aimais ses courbes et la finesse de ses traits. En plus d'avoir un caractère en or, elle avait une plastique de rêve. J'en avais de la chance dans la vie, décidément. Tout en l'admirant, je me mis à genoux devant elle, collant ensuite ma joue sur son nombril, l'enlaçant doucement. « Je t'aime à en mourir, Kallista. Et je n'attends que ça, de t'offrir un enfant. » Je levai ensuite mon visage illuminé vers elle, posant mon menton contre le haut de son ventre, des étoiles dans les yeux. Je refusais qu'on me l'arrache. Ils avaient peut-être forcé notre union, mais jamais il ne pourraient l'annuler. C'était trop tard. Kallista avait volé mon coeur et je le savais en sécurité à ses côtés.

Jamais Kallista n’aurait pensé être aussi tendre avec Adonis. Jamais elle n’aurait imaginé penser à ce mariage dans avoir un gout amer dans la bouche. Aujourd’hui, son fiancé représentait toute sa vie, tout son univers. Il lui était tellement difficile de rester fâché après lui, de ne pas lui adresser un mot pendant au moins une heure et encore moins un regard en l’espace de dix minutes alors qu’auparavant, tout ceci lui importait peu. Comme quoi elle avait développer des sentiments tellement fort pour lui. Jamais elle n’a été capable d’aimer quelqu’un autant qu’elle l’aime lui. Il est le plus grand, son plus grand amour. La jeune femme ne répondit rien au sujet des robes. Bien, cela lui faisait une surprise bien que maintenant elle était toute particulièrement impatiente de les découvrir. Elle ne doutait en rien des gouts de sa future belle-mère. Tous les cadeaux qu’elle avait pu lui faire étaient d’une beauté incroyable, tous plus formidables les uns que les autres. Elles lui plairont, elle en est certaine.

Il lui était agréable d’être dans ses bras et encore plus de l’embrasser. Si elle le pouvait, elle resterai totalement collée à lui à gouter encore et encore ses lèvres somptueuses. Elle répondait sans hésiter une seule seconde à ce baiser rempli d’amour et de tendresse. Un sourire s’affichait sur ses lèvres rouges alors qu’il lui répliquait qu’elle lui avait manqué aussi. Il était réellement adorable. Elle le regardait l’observer pendant quelque secondes puis s’agenouiller d’un air surpris. « Tu comptes me demander encore une fois en mariage ? » Plaisantait-elle doucement en riant un peu. Baissant la tête vers lui, elle caressait doucement ses cheveux. Qu’est ce qu’il pouvait être beau. « J’ai vraiment hâte moi aussi. » Elle lui sourit faiblement. Mais pas par la tristesse, elle était totalement obnubilé par la beauté de l’homme de sa vie. « Tellement … »

C'était vraiment frustrant de se dire qu'il nous fallait attendre encore longtemps cette union. Il fallait que cela devienne réel, concret et officiel. Même si nos fiançailles étaient très médiatisées et que nous alimentions la curiosité sans limite des journalistes, ce ne serait que les achever de bonheur et de satisfaction que d'enfin programmer la cérémonie. Je me mis à imaginer Kallista dans une belle robe blanche, avec une étole travaillée minutieusement. Le voile sur son visage de poupée. Ses cheveux tirés dans une coiffure dont seuls les meilleurs artistes d'Astapor connaissaient le secret. Oui mais ça, ce n'était qu'un doux rêve que j'aimais projeter dans mon esprit. Ce n'était pas prêt d'arriver, vu ce que m'avaient répondu mes parents. Mon frère n'avait toujours pas de prétendante, et son intronisation n'aurait pas encore lieu. Je poussai un soupir, profitant timidement des caresses de ma fiancée avant de me relever sur mes deux jambes et de lui prendre les mains. Je l'observai avec cette même vivacité, essayant de sonder son âme. Le destin se jouait bien de nous, et il tenait absolument à nous installer dans une routine que je n'étais pas sûr de supporter très longtemps.

J'essayais de me mettre à sa place. Elle qui n'était pas issue de la royauté. Qu'avait-elle bien pu ressentir en apprenant qu'elle s'unirait avec un prince ? Je resserrai ses mains dans les miennes dans un sourire, et je la tirai doucement jusqu'au canapé pour que nous puissions nous asseoir. Puis, je dégageai légèrement une mèche brune de son visage angélique, et je baissai mon regard vers nos pieds, comme pour fuir la réalité qui m'échappait de plus en plus ces derniers temps. Je pris une grande inspiration, pensif. « Dis... Tu ne t'es jamais dit que tu aurais dû épouser mon frère ? Iron aurait de la chance de t'avoir à ses côtés. » Je relevai doucement mes yeux vers elle, craignant sa réaction qui je savais n'allait pas être joyeuse. Elle se révolterait, me sortirait ô combien elle m'aimait et qu'elle ne voulait personne d'autre que moi. Mais c'était bien de ma faute si le temps s'acharnait sur nous, non ?

Kallista le suivait jusqu’au canapé où elle s’assit avec lui. Un léger sourire vint étirer ses lèvres lorsqu’il déplaçait avec douceur une de ses mèches derrière son oreille. C’est pour cela qu’elle l’aimait. Sa douceur, son amour constant et cette manière de la faire sentir comme si elle était la plus belle chose de l’univers. Elle se sent bien dans ses bras, mieux que nulle part ailleurs. Rien que par son odeur il la rassure, par ses caresses il la charme et par son regard, elle se sent invincible. Adonis est merveilleux et elle le savait depuis le début. Elle avait seulement mis du temps à se l’accepter. Les sourcils de la jeune femme se fronçaient alors qu’il émettait l’hypothèse qu’elle serait sûrement mieux avec son frère plutôt que lui. « Non. » Elle vint prendre sa main qu’elle serrait dans la sienne.  « Bien sûr que non. » Affirmait à nouveau avant de passer une main tendrement dans les cheveux de son futur époux. « Il n’y a que toi qui peut me rendre aussi heureuse. Tu es la seule personne que j’aime et je ne t’échangerai pour rien au monde. » Un nouveau rictus vint glisser sur ses lèvres rouges et elle se penchait sur lui pour embrasser brièvement le bout de son nez. « Tu es la meilleure chose qui me soit arrivé au monde Adonis et peu importe combien de temps ce mariage mettrait, tu seras toujours la seule personne avec qui je veux et je vais faire ma vie. » Puis elle laissait la main de ses cheveux retrouver celle de son fiancé comme pour lui transmettre toute sa sincérité. Elle l’était, plus qu’elle ne l’a jamais été. Elle croisait alors ses jambes en s’asseyant un peu plus correctement sur le canapé. « Ne doute jamais de ça. » Elle lui sourit doucement, et ce dernier se transforme en un autre beaucoup plus malicieux. « On pourrait faire des castings pour lui en trouver une ? J’adorerai l’aider à choisir ! Les observer comme si mon choix allait être décisif alors pour pas du tout, juste pour voir jusqu’où elles seraient prêtes à aller ! » Elle ponctuait sa phrase par un dernier rire. C’était une blague, bien sûr. « Ça viendra mon cœur, faut il ne faut pas désespérer. »

Quand moi je doutais, Kallista trouvait toujours le moyen de me rassurer. On se complétait tellement, et ce serait mentir que de dire que je n'avais pas besoin d'elle dans ma vie. Dans mes plus sombres moments d'hésitation sur l'avenir de notre couple, ma fiancée savait me redonner des forces. Mon coeur se gonflait d'amour, et je me sentais revivre à ses côtés. Je la regardais, me rattachant à ses mots et ses gestes avec grand espoir. Quand elle voulait, Kallista pouvait avoir des capacités d'oratrice hors-normes. Je lui souris. Je me sentais revigoré. Et elle savait me communiquer son enthousiasme, surtout lorsqu'elle commença à aborder un éventuel casting pour mon grand-frère. Etait-ce vraiment nécessaire ? Je répondis à son rire, sachant pertinemment qu'elle plaisantait. Mais je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer la scène. Iron, Kallista et moi assis derrière un bureau, avec les prétendantes qui défilaient. Kallista qui critiquait de la tête aux pieds les demoiselles, Iron qui tirait la tronche. Le quotidien en somme. Bizarrement, ça me manquait, de passer du temps tous ensemble. Je tournai la tête sur le côté, regardant la baie-vitrée du salon. Le paysage idyllique d'Astapor semblait si loin aujourd'hui.

Je vins trouver refuge au creux des bras de ma fiancée, posant ma joue contre son épaule alors que je la poussais doucement contre le canapé pour l'y allonger. Je m'installai à ses côtés, mes doigts glissant le long de ses cheveux brillants. Je pris une grande inspiration, me concentrant sur sa respiration. « Ca viendra, oui. Ca viendra... » répétai-je dans un murmure, pensif. Oui, ce jour viendrait, et on n'aurait plus à se soucier du reste. Le mariage était notre préoccupation première, et ça me rendait malade de dépendre entièrement de mes parents. Plus qu'un père et une mère, ils étaient nos souverains, et nous leur devions obéissance, respect, loyauté. Je me sentais prisonnier de mon statut de prince cadet. J'étais jaloux d'Iron, ça m'arrivait et c'était normal. « Ca te dirait un bain tous les deux ? » finis-je par proposer. Je devais avouer que l'eau me détendait beaucoup. J'adorais nager, ça me permettait de vider mon esprit de toute pensée négative. Alors avec Kallista à mes côtés, ça ne pourrait aller que mieux.

Adonis n’avait aucune raison de s’en faire, Kallista l’aime à en mourir, bien plus que sa propre vie. Jamais il ne lui ai venu à l’esprit de choisir son frère plutôt que lui, jamais. Ce garçon ne l’attire pas, il n’est pas Adonis tout simplement et cela compte pour tellement. Alors pour lui faire chasser cette idée malheureuse et que la jeune femme pourrait qualifier de totalement stupide, elle lui soumettait l’idée d’une émission TV. Cela serait unique, du jamais vu ! Mais il est certain que les parents royaux n’apprécient pas tellement cette idée et puis, beaucoup de jeunes filles viendraient seulement et uniquement pour le titre. Par ailleurs, comme font-ils pour savoir si la jeune femme est sincère hein ? Certaines sont de très bonnes comédiennes et une fois le dos tournées, pourraient donner une très mauvaise image. Après réflexion, la demoiselle comprenait quelque peu le temps nécessaire pour trouver une épouse au futur roi mais soit, les femmes biens ne sont pas si rare, si ?

La jeune interprète se laisser faire et s’allonger sur le canapé. Une fois ce dernier confortablement installé sur elle, elle vient l’enlacer de ses bras fins. Un léger sourire s’incrustait sur ses lèvres tandis qu’il lui caressait les cheveux. Qu’est ce qu’elle peut adorer cela ! « Ne t’en fait pas chéri. » Assurait-elle en embrassant doucement le bout de son nez. Il fallait croire que à ce jour, les rôles étaient inversés. Kallista qui s’était sentie si déçue par le retard de leur mariage se montrait soudainement si compréhensible et Adonis, à l’inverse, semblait si triste … La demoiselle ne s’attardait pas davantage sur ces pensées puisque une merveilleuse idée lui parvient aux oreilles. Un bain tous les deux ? « Avec plaisir ! » S’exclamait-elle toute heureuse. Un bain, il fallait croire qu’elle en avait rêvé toute la journée. « Allé mon cœur, va le préparer et dépêche toi ! » Le pressait-elle en se relevant soudainement, le forçant ainsi à en faire de même. « Une future princesse n’attend pas ! » Lancait-elle en riant, lui mettant une légère tapette sur les fesses pour rire. Très jolies fesses d’ailleurs !